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que l’humanité s’en approche ; nous avançons toujours, nous n’arrivons jamais. La grande figure divine, que l’homme cherche depuis son enfance à arrêter définitivement dans son imagination et à emprisonner dans ses temples, s’élargit, s’agrandit toujours, dépasse les pensées étroites et les temples limités, et laisse les temples vides et les autels s’écrouler, pour appeler l’homme à la chercher et à la voir où elle se manifeste de plus en plus, dans la pensée, dans l’intelligence, dans la vertu, dans la nature et dans l’infini !




Même date, le soir.


Heureux celui qui a des ailes pour planer sur les siècles écoulés, pour se poser sans vertiges sur ces monuments merveilleux des hommes, pour sonder de là les abîmes de la pensée, de la destinée humaine, pour mesurer de l’œil la route de l’esprit humain, marchant pas à pas dans ce demi-jour des philosophies, des religions, des législations successives ; pour prendre hauteur, comme le navigateur sur des mers sans rivages visibles, et pour deviner à quel point des temps il vit lui-même, et à quelle manifestation de vérité et de divinité Dieu appelle la génération dont il fait partie !