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ne sont, à proprement parler, que des laboureurs pieux, et ne demandent au gouvernement et aux populations que le coin de rocher qu’ils cultivent, la solitude et la contemplation. Ils expliquent parfaitement encore, par leur existence actuelle au milieu des contrées mahométanes, la création de ces premiers asiles du christianisme naissant, souffrant et persécuté, et la prodigieuse multiplication de ces asiles de la liberté religieuse, dans les temps de barbarie et de persécutions. Là, fut la raison de leur existence ; là, elle est encore pour les Maronites : aussi ces moines sont-ils restés ce qu’ils ont dû être partout, et ce qu’ils ne peuvent plus être, que par exception, nulle part.

Si l’état actuel des sociétés et des religions comporte encore des ordres monastiques, ce n’est plus ceux qui sont nés dans une autre époque, pour d’autres besoins, d’autres nécessités : chaque temps doit porter ses créations sociales et religieuses ; les besoins de ces temps-ci sont autres que les besoins des premiers siècles. — Les ordres monastiques modernes n’ont que deux choses qu’ils puissent faire mieux que les gouvernements et les forces individuelles : instruire les hommes, et les soulager dans leurs misères corporelles. Les écoles et les hôpitaux, voilà les deux seules places qui restent à prendre pour eux dans le mouvement du monde actuel ; mais, pour prendre la première de ces places, il faut participer d’abord soi-même à la lumière qu’on veut répandre ; — il faut être plus instruit et plus véritablement moral que les populations qu’on veut instruire et améliorer. — Revenons au Liban.

Nous commençons à le monter par des sentiers de roches