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Le journal de l’auteur fut interrompu ici. Au commencement de décembre il perdit sa fille unique ; elle fut emportée en deux jours, au moment où sa santé, altérée en France, paraissait complétement rétablie par l’air de l’Asie. Elle mourut entre les bras de son père et de sa mère, dans la maison de campagne où M. de Lamartine avait établi sa famille pour passer l’hiver, aux environs de Bayruth. Le vaisseau que M. de Lamartine avait renvoyé en Europe ne devait revenir qu’au mois de mai 1833 toucher aux côtes de Syrie et reprendre les voyageurs : ils restèrent six mois dans le Liban après cet affreux événement, atterrés du coup dont la Providence les avait frappés, et sans aucune diversion à leur douleur que les larmes de leurs compagnons de voyage et de leurs amis. Au mois de mai, le navire l’Alceste revint à Bayruth, comme il avait été convenu : les voyageurs, pour épargner une douleur de plus à la malheureuse mère, ne remontèrent pas sur le même navire qui les avait apportés, heureux et confiants, avec la charmante enfant qu’ils avaient perdue. M. de Lamartine avait fait embaumer le corps de sa fille pour le rapporter à Saint-Point, où, à ses derniers moments, elle avait témoigné le désir d’être ensevelie. Il confia ce dépôt sacré à l’Alceste, qui devait naviguer de conserve avec lui, et il affréta un second bâtiment, le brick la Sophie, capitaine Coulonne, pour s’y embarquer lui-même avec sa femme et ses amis.