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cher des initiés. La mort punit à l’instant le téméraire. Les femmes sont admises à ces mystères. Les prêtres ou akkals sont mariés ; ils ont une hiérarchie sacerdotale. Le chef des akkals, ou le souverain pontife des Druzes, réside au village de El-Mutna. Après la mort d’un Druze, on se réunit autour du tombeau, on reçoit des témoignages sur sa vie ; si ces témoignages sont favorables, l’akkal s’écrie : « Que le Tout-Puissant te soit miséricordieux ! » Si les témoignages sont mauvais, le prêtre et les assistants gardent le silence. Le peuple, en général, croit à la transmigration des âmes : si la vie du Druze a été pure, il revivra dans un homme favorisé de la fortune, brave, et aimé de ses compatriotes ; s’il a été vil ou lâche, il reviendra sous la forme d’un chameau ou d’un chien.

Les écoles pour les enfants sont nombreuses ; les akkals les dirigent. On apprend à lire dans le Koran. Quelquefois, quand les Druzes sont peu nombreux dans un village et que les écoles manquent, ils laissent instruire leurs enfants avec ceux des chrétiens ; lorsqu’ils les initient, plus tard, à leurs rites mystérieux, ils effacent de leur esprit les traces du christianisme. Les femmes sont admises au sacerdoce comme les hommes ; le divorce est fréquent ; l’adultère se rachète ; l’hospitalité est sacrée, et aucune menace ou aucune promesse ne forcerait jamais un Druze à livrer, même au prince, l’hôte qui se serait confié à son seuil. À l’époque de la bataille de Navarin, les Européens habitant des villes de Syrie, et redoutant la vengeance des Turcs, se retirèrent pendant plusieurs mois parmi les Druzes, et y vécurent en parfaite sûreté. « Tous les hommes sont frères, » est leur morale proverbiale comme celle de l’Évangile ; mais ils l’obser-