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nées que le dernier descendant du célèbre émir a laissé par sa mort le sceptre du Liban passer à une autre famille, la famille Chab, originaire de la Mecque, et dont le chef actuel, le vieux émir Beschir, gouverne aujourd’hui ces contrées.

La religion des Druzes est un mystère que nul voyageur n’a jamais pu percer. J’ai connu plusieurs Européens vivant depuis de nombreuses années au milieu de ce peuple, et qui m’ont confessé leur ignorance à cet égard. Lady Stanhope elle-même, qui fait exception par sa résidence habituelle au milieu des Arabes de cette tribu, et par le dévouement qu’elle inspire à ces hommes dont elle parle la langue et suit les mœurs, m’a dit que pour elle aussi la religion des Druzes était un mystère. La plupart des voyageurs qui ont écrit sur eux prétendent que ce culte n’est qu’un schisme du mahométisme. J’ai la conviction que ces voyageurs se trompent. Un fait certain, c’est que la religion des Druzes leur permet d’affecter tous les cultes des peuples avec lesquels ils communiquent ; de là est venue l’opinion qu’ils étaient des mahométans schismatiques. Cela n’est point. Ils adorent le veau, c’est le seul fait constaté. Ils ont des institutions comme les peuples de l’antiquité. Ils sont divisés en deux castes, les akkals ou ceux qui savent, les djahels ou ceux qui ignorent ; et, selon qu’un Druze est d’une de ces deux castes, il pratique telle ou telle forme de culte. Moïse, Mahomet, Jésus, sont des noms qu’ils ont en vénération. Ils s’assemblent un jour de la semaine, chacun dans le lieu consacré au degré d’initiation auquel il est parvenu, et accomplissent leurs rites. Des gardes veillent, pendant les cérémonies, à ce qu’aucun profane ne puisse appro-