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avec les Druzes et les Métualis, une espèce de confédération despotique sous le gouvernement de cet émir. Bien que les membres de ces trois nations diffèrent d’origine, de religion et de mœurs, qu’ils ne se confondent presque jamais dans les mêmes villages, l’intérêt de la défense d’une liberté commune et la main forte et politique de l’émir Beschir les retiennent en un seul faisceau. Ils couvrent de leurs nombreuses habitations l’espace compris entre Latakieh et Saint-Jean d’Acre d’un côté, Damas et Bayruth de l’autre. Je dirai un mot à part des Druzes et des Métualis.

Les Maronites occupent les vallées les plus centrales et les chaînes les plus élevées du groupe principal du mont Liban, depuis les environs de Bayruth jusqu’à Tripoli de Syrie. Les pentes de ces montagnes, qui versent vers la mer, sont fertiles, arrosées de fleuves nombreux et de cascades intarissables ; ils y récoltent la soie, l’huile, l’orge et le blé ; les hauteurs sont presque inaccessibles, et le rocher nu perce partout les flancs de ces montagnes ; mais l’infatigable activité de ce peuple, qui n’avait d’asile sûr pour sa religion que derrière ces pics et ces précipices, a rendu le rocher même fertile : il a élevé d’étage en étage, jusqu’aux dernières crêtes, jusqu’aux neiges éternelles, des murs de terrasses formées avec des blocs de roche roulante ; sur ces terrasses il a porté le peu de terre végétale que les eaux entraînaient dans les ravines, il a pilé la pierre même pour rendre sa poussière féconde en la mêlant à ce peu de terre, et il a fait du Liban tout entier un jardin couvert de mûriers, de figuiers, d’oliviers et de céréales.

Le voyageur ne peut revenir de son étonnement quand,