Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pierre, cette vigueur des contours, donnent au moindre édifice du Midi une fermeté et une netteté qui rassurent et frappent agréablement l’œil. Chaque maison a l’air, non pas d’avoir été bâtie pierre à pierre avec du ciment et du sable, mais d’avoir été sculptée vivante et debout dans le rocher vif, et d’être assise sur la terre, comme un bloc sorti de son sein, et aussi durable que le sol même. — Deux pilastres larges et élégants s’élèvent aux deux angles de la façade ; ils s’élèvent seulement à la hauteur d’un étage et demi ; là, une corniche élégante, sculptée dans la pierre éclatante, les couronne, et sert de base elle-même à une balustrade riche et massive qui s’étend tout le long du faîte, et remplace ces toits plats, irréguliers, pointus, bizarres, qui déshonorent toute architecture, qui brisent toute ligne harmonieuse avec l’horizon, dans nos assemblages d’édifices bizarres que nous appelons villes, en Allemagne, en Angleterre et en France. — Entre ces deux larges pilastres, qui s’avancent de quelques pouces sur la façade, trois ouvertures seulement sont dessinées par l’architecte, une porte et deux fenêtres. — La porte, haute, large et cintrée, n’a pas son seuil sur la rue ; elle s’ouvre sur un perron extérieur, qui empiète sur le quai de sept ou huit pieds. Ce perron, entouré d’une balustrade de pierre sculptée, sert de salon extérieur autant que d’entrée à la maison. — Décrivons un de ces perrons, nous les aurons décrits tous. — Un ou deux hommes, en veste blanche, à figure noire, à l’œil africain, une longue pipe à la main, sont nonchalamment étendus sur un divan de jonc, à côté de la porte ; devant eux, gracieusement accoudées sur la balustrade, trois jeunes femmes, dans différentes attitudes, regardent silencieusement passer notre barque, ou sourient entre elles de notre aspect étranger. — Une robe