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du cheval fatigué d’une longue course, — ou comme ceux que son mors secoue quand il abaisse et relève la tête, impatient d’une nouvelle carrière. — Les vagues courent vite, irrégulièrement, mais légères, peu profondes, transparentes : cette mer ressemble à un champ de belle avoine ondoyant aux brises d’une matinée de printemps, après une nuit d’averse ; — nous voyons les îles de Gozzo et de Malte surgir au-dessous de la brume, a cinq ou six lieues à l’horizon.




22 juillet 1832, arrivée à Malte.


À mesure que nous approchons de Malte, la côte basse s’élève et s’articule ; mais l’aspect est morne et stérile. Bientôt nous apercevons les fortifications et les golfes formés par les ports ; une nuée de petites barques, montées chacune par deux rameurs, sort de ces golfes et accourt à la proue de notre navire ; la mer est grosse, et la vague les précipite quelquefois dans le profond sillon que nous creusons dans la mer ; ils semblent près d’y être engloutis ; le flot les relève, ils courent sur nos traces, ils dansent sur les flancs du brick, ils nous jettent de petites cordes pour nous remorquer dans la rade.

Les pilotes nous annoncent une quarantaine de dix jours,