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long roseau, ils battent le briquet, arrachent quelques branches vertes de l’arbuste qui couvre la côte, allument un feu, et passent nos lettres, trempées dans l’eau de mer, à la fumée de ce feu, avant de les toucher. — Ils nous promettent de tirer un coup de fusil ce soir, pour nous avertir de revenir à la côte lorsque nos autres provisions de légumes et d’eau douce seront prêtes. — Puis, tirant de leur bâtiment une immense corbeille de coquillages, frutti di mare, ils nous les offrent, sans vouloir accepter aucun salaire.

Nous revenons à bord. — Heures de loisir et de contemplations délicieuses, passées sur la poupe du navire à l’ancre, pendant que la tempête résonne encore à l’extrémité des deux caps qui nous couvrent, et que nous regardons l’écume de la haute mer monter encore de trente ou quarante pieds contre les flancs dorés de ces caps.




18 juillet 1832.


Sortis du golfe de Palma par une mer miroitée et plane ; — léger souffle d’ouest, à peine suffisant pour sécher la rosée de la nuit qui brille sur les rameaux découpés des lentisques, seule verdure de ces côtes déjà africaines : — en pleine mer, journée silencieuse, douce brise qui nous fait filer six à sept nœuds par heure ; — belle soirée ; — nuit étincelante, — la mer dort aussi.