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dévouement à cette vérité dont il était le verbe ; je me souviendrai à jamais des paroles que je murmurai dans cette heure de crise morale. Peut-être fus-je exaucé : une grande lumière de raison et de conviction se répandit dans mon intelligence, et sépara plus clairement le jour des ténèbres, les erreurs des vérités ; il y a des moments dans la vie où les pensées de l’homme, longtemps vagues et douteuses, et flottantes comme des flots sans lit, finissent par toucher un rivage, où elles se brisent et reviennent sur elles-mêmes avec des formes nouvelles. Ce fut là pour moi un de ces moments : Celui qui sonde les pensées et les cœurs le sait, et je le comprendrai peut-être moi-même un jour. Ce fut un mystère dans ma vie, qui se révélera plus tard.




Même date.


Au sortir de l’église du Saint-Sépulcre, nous suivîmes la voie Douloureuse, dont M. de Chateaubriand a donné un si poétique itinéraire. Rien de frappant, rien de constaté, rien de vraisemblable ; des masures de construction moderne, données partout, par les moines aux pèlerins, pour des vestiges incontestés des diverses stations du Christ. L’œil ne peut avoir même un doute, et toute confiance dans ces traditions locales est détruite d’avance par l’histoire des premières années du christianisme, où Jérusalem ne conserva pas pierre sur pierre ; où les chrétiens furent ensuite