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l’Évangile, devraient se trouver sur une colline écartée hors des murs, et non dans le centre de Jérusalem. La ville, rétrécie du côté de Sion, se sera sans doute agrandie du côté du nord pour embrasser, dans son enceinte, les deux sites qui font sa honte et sa gloire, le site du supplice du Juste, et celui de la résurrection de l’Homme-Dieu.

Voilà la ville du haut de la montagne des Oliviers ! Elle n’a pas d’horizon derrière elle, ni du côté de l’occident ni du côté du nord. La ligne de ses murs et de ses tours, les aiguilles de ses nombreux minarets, les cintres de ses dômes éclatants, se découpent à nu et crûment sur le bleu d’un ciel d’Orient ; et la ville, ainsi portée et présentée sur son plateau large et élevé, semble briller encore de toute l’antique splendeur de ses prophéties, ou n’attendre qu’une parole pour sortir tout éblouissante de ses dix-sept ruines successives, et devenir cette Jérusalem nouvelle qui sort du sein du désert, brillante de clarté !

C’est la vision la plus éclatante que l’œil puisse avoir d’une ville qui n’est plus ; car elle semble être encore, et rayonner comme une ville pleine de jeunesse et de vie ; et cependant, si l’on y regarde avec plus d’attention, on sent que ce n’est plus en effet qu’une belle vision de la ville de David et de Salomon. Aucun bruit ne s’élève de ses places et de ses rues ; il n’y a plus de routes qui mènent à ses portes de l’orient ou de l’occident, du midi ou du septentrion ; il n’y a que quelques sentiers serpentant au hasard entre les rochers, où l’on ne rencontre que quelques Arabes demi-nus, montés sur leurs ânes, et quelques chameliers de Damas, ou quelques femmes de Bethléem ou de Jéricho, por-