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sées, couchées à terre aux pieds de quelques oliviers, sur un plateau qui regarde à la fois Jérusalem, Sion, les vallées de Saint-Saba qui mènent à la mer Morte ; la mer Morte elle-même, brillant de là entre les cimes des montagnes et l’horizon immense et sillonné de cimes diverses qui se termine aux montagnes d’Arabie : là, je m’assis. — Voici la scène devant moi :

La montagne des Oliviers, au sommet de laquelle je suis assis, descend, en pente brusque et rapide, jusque dans le profond abîme qui la sépare de Jérusalem et qui s’appelle la vallée de Josaphat. Du fond de cette sombre et étroite vallée dont les flancs nus sont tachetés de pierres noires et blanches, pierres funèbres de la mort, dont ils sont presque partout pavés, s’élève une immense et large colline dont l’inclinaison rapide ressemble à celle d’un haut rempart éboulé ; nul arbre n’y peut planter ses racines, nulle mousse même n’y peut accrocher ses filaments ; la pente est si roide, que la terre et les pierres y croulent sans cesse, et elle ne présente à l’œil qu’une surface de poussière aride et desséchée, semblable à des monceaux de cendres jetées du haut de la ville. Vers le milieu de cette colline ou de ce rempart naturel, de hautes et fortes murailles de pierres larges et non taillées sur leur face extérieure prennent naissance, cachant leurs fondations romaines et hébraïques sous cette cendre même qui recouvre leurs pieds, et s’élèvent ici de cinquante, de cent, et, plus loin, de deux à trois cents pieds au-dessus de cette base de terre. — Les murailles sont coupées de trois portes de ville, dont deux sont murées, et dont la seule ouverture devant nous semble aussi vide et aussi déserte que si elle ne donnait entrée que dans