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fond blanc de sable qu’étend immédiatement derrière elle l’immense désert qui la sépare de l’Égypte.

C’est près d’une de ces fontaines que nous découvrîmes tout à coup une troisième cavalcade, à la tête de laquelle s’avançait, sur une jument blanche, M. Damiani le père, agent consulaire de plusieurs nations européennes, et l’un des personnages les plus importants de Jaffa. Son costume grotesque nous fit sourire : il était vêtu d’un vieux cafetan bleu de ciel, doublé d’hermine, et serré par une ceinture de soie cramoisie ; ses jambes nues sortaient d’un large pantalon de mousseline sale, et il était coiffé d’un immense chapeau à trois cornes, lissé par les années et imbibé de sueur et de poussière, attestant de nombreux services pendant la campagne d’Égypte. Mais l’excellent accueil et la cordialité patriarcale de notre vieux vice-consul arrêtèrent le sourire sur nos lèvres, et ne laissèrent place dans nos cœurs qu’à la reconnaissance que nous lui témoignâmes. Il était accompagné de plusieurs de ses gendres et de ses enfants et petits-enfants, tous à cheval comme lui. Un de ses petits-fils, enfant de douze à quatorze ans, qui caracolait sur une jument arabe, sans bride, autour de son grand-père, est bien la plus admirable figure d’enfant que j’aie vue de ma vie.

M. Damiani marcha devant nous, et nous conduisit, au milieu d’une immense population pressée autour de nos chevaux, jusqu’à la porte de sa maison, où nos nouveaux amis nous saluèrent et nous laissèrent aux soins de notre hôte.

La maison de M. Damiani est petite, mais admirable-