Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mot, par un geste, l’Être infini que les cieux et les mers confessent ; ils dédaignent de nommer Celui qui n’a pas dédaigné de les créer, et cela pourquoi ? parce que ces hommes portent un uniforme, qu’ils calculent jusqu’à une certaine quantité de nombres, et qu’ils s’appellent Français du dix-neuvième siècle ! Heureusement le dix-neuvième siècle passe, et j’en vois approcher un meilleur, un siècle vraiment religieux, où, si les hommes ne confessent pas Dieu dans la même langue et sous les mêmes symboles, ils le confesseront au moins sous tous les symboles et dans toutes les langues !




Même nuit.


Je me suis promené une heure sur le pont du vaisseau, seul, et faisant ces tristes ou consolantes réflexions ; j’y ai murmuré du cœur et des lèvres toutes les prières que j’ai apprises de ma mère quand j’étais enfant ; les versets, les lambeaux de psaumes que je lui ai si souvent entendu murmurer à voix basse en se promenant le soir dans l’allée du jardin de Milly, remontaient dans ma mémoire, et j’éprouvais une volupté intime et profonde à les jeter à mon tour à l’onde, au vent, à cette oreille toujours ouverte pour laquelle aucun bruit du cœur ou des lèvres n’est jamais perdu ! La prière que l’on a entendu proférer par quelqu’un