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encouragea à insister, et nous entrâmes, moitié de gré, moitié de force, dans l’intérieur même de ce dernier et de ce plus étonnant des monuments.

Je ne puis dire ce que c’est ; il y a de tout dans sa construction, dans sa forme et dans ses ornements ; je penche à croire que c’est un temple antique que les croisés ont converti en église à l’époque où ils possédèrent Césarée de Syrie et les rivages qui l’avoisinent, et que les Arabes ont converti plus tard en mosquée. Le temps, qui se joue de l’œuvre et des pensées des hommes, le convertit maintenant en poussière, et le genou du chameau se plie sur ces dalles où les genoux de trois ou quatre générations de religion se sont pliés tour à tour devant des dieux différents. Les bases de l’édifice sont évidemment d’architecture grecque d’une époque de décadence ; à la naissance des voûtes, l’architecture prend le type moresque ; des fenêtres, primitivement corinthiennes, ont été converties, avec beaucoup d’art et de goût, en fenêtres moresques à ogives et à légères colonnes accouplées ; ce qui subsiste des voûtes est brodé d’arabesques d’un fini et d’une délicatesse exquis. L’édifice a huit faces, et chacun des enfoncements produits par cette forme octogone renfermait sans doute un autel, si l’on en juge par les niches qui décorent la partie des murs où ces autels devaient être appuyés. La partie centrale du monument était occupée aussi par un principal autel ; on le devine aisément à l’élévation du terrain dans cet endroit du temple. Cette élévation doit être produite par les marches qui entouraient l’autel. Les pans de cette église sont à demi écroulés, et laissent à l’œil des échappées de vue sur la mer et les écueils qui la bordent ; des plantes