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» Cette fleur a des yeux plus doux que la gazelle, des yeux qui ressemblent à une goutte d’eau de la mer dans un coquillage.

» Cette fleur a un parfum si enivrant, que le scheik qui s’enfuit devant la lance d’une autre tribu, sur sa jument plus rapide que la chute des eaux, la sent au passage, et s’arrête pour la respirer.

» Le vent de simoun enlève des habits du voyageur tous les autres parfums ; mais il n’enlève jamais du cœur l’odeur de cette fleur merveilleuse.

» On la trouve au bord d’une source qui coule sans murmure à ses pieds.

» Jeune fille, dis-moi le nom de ton père, et je te dirai le nom de cette fleur. »

Voici ceux que je rapportai moi-même, et que je fis traduire aussitôt en arabe par mon drogman :


 
Fontaine au bleu miroir, quand sur ton vert rivage
La rêveuse Lilla dans l’ombre vient s’asseoir,
Et sur tes flots penchée y jette son image,
Comme au golfe immobile une étoile du soir,

D’un mobile frisson tes flots dormants se plissent,
On n’en voit plus le fond de sable ou de roseaux ;
Mais de charme et de jour tes ondes se remplissent,
Et l’œil ne cherche plus son ciel que dans tes eaux !