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rare en Orient, d’une chaise et d’une table. Nos Arabes s’établirent avec nos chevaux dans les vastes cours intérieures du monastère. On nous servit un souper composé de poisson frais et de légumes cultivés parmi les rochers de la montagne. Nous passâmes une soirée délicieuse, après tant de fatigues, assis sur les larges balcons qui dominent la mer et les cavernes des prophètes. Une lune sereine flottait sur les vagues, dont le murmure et la fraîcheur montaient jusqu’à nous. Nous nous promîmes de passer dans cet asile la journée du lendemain, pour reposer nos chevaux et refaire nos provisions. Nous allions entrer dans une contrée nouvelle, où nous ne trouverions plus ni ville ni village, rarement des sources d’eau douce : nous voyions cinq journées de désert s’étendre devant nous.




22 octobre 1832.


Journée de repos passée au monastère du mont Carmel, ou à parcourir les sites de la montagne et les grottes d’Élie et des prophètes. La principale de ces grottes, évidemment taillée de main d’homme dans le roc le plus dur, est une salle d’une prodigieuse élévation ; elle n’a d’autre vue que la mer sans bornes, et on n’y entend d’autre bruit que celui des flots qui se brisent continuellement contre l’arête du cap. Les traditions disent que c’était là l’école où Élie enseignait les sciences des mystères et des hautes poésies.