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côté occidental, j’ai peint les chaînes de monticules volcaniques que nous suivions depuis le lever du jour. — Elles règnent uniformément jusqu’à Tibériade. — Des avalanches de pierres noires, vomies par les gueules encore entr’ouvertes d’une centaine de cônes volcaniques éteints, traversent à chaque instant les pentes ardues de cette côte sombre et funèbre. — La route n’était variée pour nous que par la forme bizarre et les couleurs étranges des hautes masses de lave durcie qui étaient éparses autour de nous, et par les débris de murailles, de portes de villes détruites et de colonnes couchées à terre, que nos chevaux franchissaient à chaque pas. — Les bords de la mer de Galilée de ce côté de la Judée n’étaient, pour ainsi dire, qu’une seule ville. — Ces débris multipliés devant nous, et la multitude des villes, et la magnificence de constructions que leurs fragments mutilés témoignent, rappellent à ma mémoire la route qui longe le pied du mont Vésuve, de Castellamare à Portici. — Comme là, les bords du lac de Génésareth semblaient porter des villes au lieu de moissons et de forêts.

Après deux heures de marche, nous arrivâmes à l’extrémité d’un promontoire qui s’avance dans le lac ; et la ville de Tibériade se montra tout à coup devant nous, comme une apparition vivante et éclatante d’une ville de deux mille ans. — Elle couvre la pente d’une colline noire et nue, qui s’incline rapidement vers le lac. Elle est entourée d’une haute muraille carrée, flanquée de quinze à vingt tours crénelées. Les pointes de deux blancs minarets se dressent seules au-dessus de ces murs et de ces tours, et tout le reste de la ville semble se cacher de l’Arabe à l’abri de ces hautes murailles, et ne présenter à l’œil que la voûte basse