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Nous arrivâmes au couvent des Pères Latins de Nazareth, comme les dernières lueurs du soir doraient encore à peine les hautes murailles jaunes de l’église et du monastère. Une large porte de fer s’ouvrit devant nous ; nos chevaux entrèrent en glissant, et en faisant retentir, sous le fer de leurs sabots, les dalles luisantes et sonores de l’avant-cour du couvent. La porte se referma derrière nous, et nous descendîmes de cheval devant la porte même de l’église, où fut autrefois l’humble maison de cette mère qui prêta son sein à l’hôte immortel, qui donna son lait à un Dieu. Le supérieur et le père gardien étaient absents tous deux. Quelques frères napolitains et espagnols, occupés à faire vanner le blé du couvent sous la porte, nous reçurent assez froidement, et nous conduisirent dans un vaste corridor sur lequel s’ouvrent les cellules des frères et les chambres destinées aux étrangers. Nous y attendîmes longtemps l’arrivée du curé de Nazareth, qui nous combla de politesses, et nous fit préparer à chacun une chambre et un lit. Fatigués de la marche et des sentiments du jour, nous nous jetâmes sur nos lits, remettant au réveil de voir les lieux consacrés, et ne voulant pas nuire à l’ensemble de nos impressions par un premier coup d’œil jeté à la hâte sur les lieux saints, dont nous habitions déjà l’enceinte.

Je me levai plusieurs fois dans la nuit pour élever mon âme et ma voix vers Dieu, qui avait choisi dans ce lieu celui qui devait porter son Verbe à l’univers.

Le lendemain, un Père italien vint nous conduire à l’église et au sanctuaire souterrain qui fut jadis la maison de la sainte Vierge et de saint Joseph. L’église est une large et