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voisins, vêtues de leurs longues tuniques bleu de ciel, d’une large ceinture blanche dont les bouts traînent à terre, et d’un turban bleu orné de bandelettes de sequins de Venise enfilés : ajoutez çà et là, sur les flancs des collines, quelques hameaux turcs et arabes, dont les murs couleur de rochers, et les maisons sans toits, se confondent avec les rochers de la colline même ; que quelques nuages de fumée d’azur s’élèvent de distance en distance entre les oliviers et les cyprès qui entourent ces villages ; que quelques pierres, creusées comme des auges (tombeaux des patriarches), quelques fûts de colonnes de granit, quelques chapiteaux sculptés, se rencontrent çà et là autour des fontaines, sous les pieds de votre cheval, et vous aurez la peinture la plus exacte et la plus fidèle de la délicieuse plaine de Zabulon, de celle de Nazareth, de celle de Saphora et du Thabor. Un tel pays, repeuplé d’une nation neuve et juive, cultivé et arrosé par des mains intelligentes, fécondé par un soleil du tropique, produisant de lui-même toutes les plantes nécessaires ou délicieuses à l’homme, depuis la canne à sucre et la banane jusqu’à la vigne et à l’épi des climats tempérés, jusqu’au cèdre et au sapin des Alpes ; — un tel pays, dis-je, serait encore la terre de promission aujourd’hui, si la Providence lui rendait un peuple, et la politique du repos et de la liberté.

De la plaine de Zabulon nous passâmes, en gravissant de légers monticules plus arides que les premiers, au village de Séphora, l’ancienne Saphora de l’Écriture, l’ancienne Diocésarée des Romains, — la plus grande ville, dans le temps d’Hérode-Agrippa, de la Palestine après Jérusalem.