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me laissait cette religion du cœur, qui s’associe si bien avec tous les sentiments infinis de la vie de l’âme ; qui ne résout rien, mais qui apaise tout.




10 juillet, 7 heures du soir.


Je me dis : « Ce pèlerinage, sinon de chrétien, au moins d’homme et de poëte, aurait tant plu à ma mère ! Son âme était si ardente, et se colorait si vite et si complétement de l’impression des lieux et des choses ! C’est elle dont l’âme se serait exaltée devant ce théâtre vide et sacré du grand drame de l’Évangile, de ce drame complet, où la partie humaine et la partie divine de l’humanité jouent chacune leur rôle, l’une crucifiant, l’autre crucifiée ! Ce voyage du fils qu’elle aimait tant doit lui sourire encore dans le séjour céleste où je la vois : elle veillera sur nous ; elle se placera comme une seconde providence entre nous et les tempêtes, entre nous et le simoûn, entre nous et l’Arabe du désert ! Elle protégera contre tous les périls son fils, sa fille d’adoption, et sa petite-fille, ange visible de notre destinée, que nous emmenons avec nous partout. Elle l’aimait tant ! elle reposait son regard avec une si ineffable tendresse, avec une volupté si pénétrante, sur le visage charmant de cet enfant, la dernière et la plus belle espérance de ses nombreuses générations ! Et s’il y a imprudence dans cette en-