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Il serait miraculeux qu’avec trois mille hommes le prince du Liban eût pu étouffer une sédition dans trois provinces aussi fortes, si on ne se rappelait que les insurrections étaient partielles, et que le parti de Beschir, dans ces provinces, aida beaucoup à en triompher.

Le pacha de Damas avait, dans cet intervalle, envoyé au Bkaa un aga chargé de prélever, selon l’usage, les récoltes des terres qui étaient sous la dépendance de son pachalik. Cet officier pénétra dans le village de Haunie, qui dépendait de la principauté du Liban, et y frappa des contributions en bestiaux et en argent : les habitants, ne voulant pas s’y soumettre, prévinrent le prince Beschir, qui écrivit à l’aga, en lui témoignant son mécontentement ; mais celui-ci ne tint aucun compte de ses remontrances, commit les plus grandes exactions, et retourna chez lui ; le prince Beschir, irrité, en donna avis au pacha d’Acre, en exprimant d’une manière énergique son ressentiment. Abdalla, soit par considération pour Beschir, soit qu’il eût à se venger personnellement de l’aga, manda au pacha de Damas de le corriger sévèrement : celui-ci répondit évasivement, s’étonnant de la part que le pacha d’Acre prenait à une affaire qui regardait des chrétiens ; Abdalla transmit cette réponse à Beschir, en l’engageant à tirer lui-même vengeance du pacha de Damas. Le prince du Liban rassembla à la hâte dix mille hommes, et se dirigea sur Damas : le pacha sortit à sa rencontre, et les deux armées en vinrent aux mains plusieurs fois ; mais l’avantage resta toujours au prince Beschir.

Pendant ce temps-là, Abdalla lança un faux firman qui