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L’émir Beschir prit les devants. Instruit du moment favorable par ses affidés, il mande Giorgios-Bey à Deïr-el-Kammar, sous prétexte d’affaires : en même temps son frère, l’émir Hassem, fond sur Gibel, s’empare des princes, et fait pendre Abdalla. Les trois frères furent conduits à Yong-Michaël, où on leur creva les yeux. Leurs biens furent confisqués au profit de l’émir Beschir. À la nouvelle de ces événements, Giorgios-Bey se précipita d’une fenêtre de sa prison, et se tua ; ce qui n’empêcha pas l’émir de le faire pendre, pour servir d’exemple à ses ennemis. Cinq chefs de Deïr-el-Kammar, et un frère du scheik Beschir, tous de la maison de Gruimbelad-el-Bescantar, accusés d’avoir aidé les princes vaincus, furent mis à mort, et leurs biens confisqués.

Ces exécutions faites, le prince Beschir prit l’autorité suprême sur tout le Liban, donnant à son frère Hassem le commandement du Kosrouan, dont le chef-lieu était Gazyr ; mais comme il mourut peu de temps après, on accusa l’émir Beschir de l’avoir empoisonné, parce qu’il lui soupçonnait des desseins ambitieux. Cette accusation est sans fondement, et l’opinion publique en a fait justice.

Vers 1819, les pays de Gibel-Biscarra, de Gibes et du Kosrouan, s’insurgèrent à l’occasion d’une contribution qui excita le mécontentement général. Les révoltés, sur l’avis de l’évêque Joussef, résolurent d’aller attaquer l’émir Beschir dans le pays des Druzes, où il se trouvait alors. Le prince, sans donner aux insurgés le temps de réunir leurs forces, alla lui-même les chercher à la tête d’un petit corps d’armée, après avoir ordonné à son lieutenant général, le scheik Beschir, de le suivre avec trois mille hommes qu’il