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mandement. Djezar y consentit, l’appela à Acre, lui remit la pelisse, et lui donna, pour chasser Beschir, les mêmes huit mille hommes qui avaient combattu contre lui. L’émir Beschir se retira dans le district de Mar-Méri, d’où il travailla à faire tomber son rival, en offrant plus encore que l’émir Joussef n’avait promis : le pacha accepta, et Joussef fut derechef obligé de céder la place. Il retourna à Acre pour tenter de nouvelles intrigues ; mais Beschir offrit au pacha 4,000 bourses (de 500 pièces de 40 cent. chacune), s’il faisait mourir Joussef, voulant ainsi mettre un terme aux troubles qui agitaient la montagne.

Djezar se trouvait alors à Damas. Son douanier (Grec qui possédait toute sa confiance, et qui était considéré, en son absence, comme le pacha d’Acre) traita en son nom, et informa son maître du marché qu’il avait conclu. La proposition plut d’abord beaucoup à Djezar, qui ratifia l’engagement, et ordonna de pendre l’émir Joussef et son ministre Gandour.

À peine Djezar eut-il expédié cet ordre, qu’il s’en repentit : il lui sembla que l’inimitié des deux princes était utile à ses intérêts, et il envoya un second ordre qui révoquait le premier ; mais soit qu’il arrivât trop tard, soit que le ministre fût gagné, l’émir Joussef fut pendu. Cette exécution irrita le pacha ; il se rendit à Acre, se fit rendre compte de l’affaire, prétendit qu’il avait été trompé, et fit noyer son douanier, et avec lui toute sa famille, ainsi que plusieurs autres personnes accusées d’avoir trempé dans cette affaire.

Djezar confisqua les immenses trésors de son favori, et