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temps et les besoins, ce qu’il doit faire et savoir. — Que cet esprit divin s’incarne dans un homme ou dans une doctrine, dans un fait ou dans une idée, peu importe, c’est toujours lui : homme ou doctrine, fait ou idée, je crois en lui, j’espère en lui et je l’attends, et plus que vous, Milady, je l’invoque ! Vous voyez donc que nous pouvons nous entendre, et que nos étoiles ne sont pas si divergentes que cette conversation a pu vous le faire penser. » Elle sourit ; ses yeux, quelquefois voilés d’un peu d’humeur pendant que je lui confessais mon rationalisme chrétien, s’éclairèrent d’une tendresse de regard et d’une lumière presque surnaturelle. « Croyez ce que vous voudrez, me dit-elle, vous n’en êtes pas moins un de ces hommes que j’attendais, que la Providence m’envoie, et qui ont une grande part à accomplir dans l’œuvre qui se prépare. Bientôt vous retournerez en Europe : l’Europe est finie, la France seule a une grande mission à accomplir encore ; vous y participerez, je ne sais pas encore comment ; mais je puis vous le dire ce soir, si vous le désirez, quand j’aurai consulté vos étoiles. — Je ne sais pas encore le nom de toutes : j’en vois plus de trois maintenant ; j’en distingue quatre, peut-être cinq, et, qui sait ? plus encore. L’une d’elles est certainement Mercure, qui donne la clarté et la couleur à l’intelligence et à la parole. Vous devez être poëte : cela se lit dans vos yeux et dans la partie supérieure de votre figure ; plus bas, vous êtes sous l’empire d’astres tout différents, presque opposés. Il y a une influence d’énergie et d’action ; il y a du soleil aussi, dit-elle tout à coup, dans la pose de votre tête, et dans la manière dont vous la rejetez sur votre épaule gauche. — Remerciez Dieu : il y a peu d’hommes qui soient nés sous plus d’une étoile, peu dont l’étoile soit heureuse, moins encore dont l’étoile, même