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splendides, couvertes de pierreries étincelantes, entourées chacune de leurs suivantes et de leurs esclaves portant des torches de sapin résineux pour éclairer leur marche, et prolongeant ainsi leur avenue lumineuse à travers les longs et étroits sentiers ombragés d’aloès et d’orangers, au bord de la mer, quelquefois dans un long silence, quelquefois poussant des cris qui retentissaient jusque sur les vagues ou sous les grands platanes du pied du Liban. Nous rentrâmes dans notre maison, voisine de la maison de campagne d’Habib, où nous entendions encore le bruit des conversations des femmes de la famille ; nous montâmes sur nos terrasses, et nous suivîmes longtemps des yeux ces feux errants qui circulaient de tous côtés à travers les arbres de la plaine.




29 septembre 1832.


On parle d’une défaite d’Ibrahim. Si l’armée égyptienne venait à subir un revers, la vengeance des Turcs, opprimés aujourd’hui ici par les chrétiens du Liban, serait à craindre, et des excès pourraient avoir lieu dans les campagnes isolées, surtout comme la nôtre. Je me suis décidé à louer aussi, par précaution, une maison dans la ville : j’en ai trouvé une ce matin qui peut nous loger tous. Elle est composée, comme tous les palais arabes, d’un petit corridor obscur qui ouvre sur la rue par une porte surbaissée ; ce