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les secondes tièdes, les autres successivement plus chaudes, jusqu’à la dernière, où la vapeur de l’eau presque bouillante s’élève des bassins, et remplit l’air de sa chaleur étouffante. En général, il n’y a pas de bassin creusé au milieu des salles ; il y a seulement des robinets coulant toujours, qui versent sur le plancher de marbre environ un demi-pouce d’eau. Cette eau s’écoule ensuite par des rigoles, et est sans cesse renouvelée. Ce qu’on appelle bains dans l’Orient n’est pas une immersion complète, mais une aspersion successive plus ou moins chaude, et l’impression de la vapeur sur la peau.

Deux cents femmes de la ville et des environs étaient invitées ce jour-là au bain, et dans le nombre plusieurs jeunes femmes européennes ; chacune y arriva enveloppée dans l’immense drap de toile blanche qui recouvre en entier le superbe costume des femmes quand elles sortent. Elles étaient toutes accompagnées de leurs esclaves noires, ou de leurs servantes libres ; à mesure qu’elles arrivaient, elles se réunissaient en groupes, s’asseyaient sur des nattes et des coussins préparés dans le premier vestibule, leurs suivantes leur ôtaient le drap qui les enveloppait, et elles apparaissaient dans toute la riche et pittoresque magnificence de leurs habits et de leurs bijoux. Ces costumes sont très-variés pour la couleur des étoffes et le nombre et l’éclat des joyaux ; mais ils sont informes dans la coupe des vêtements.

Ces vêtements consistent dans un pantalon à larges plis de satin rayé, noué à la ceinture par un tissu de soie rouge, et fermé au-dessus de la cheville du pied par un bracelet