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air, et couvrent leurs cheveux de fleurs blanches et rouges. Il y en a une dont les cheveux sont si longs et si touffus, qu’ils la couvrent entièrement, comme les rameaux d’un saule pleureur recouvrent le tronc de toutes parts : on aperçoit seulement, quand elle secoue cette ondoyante crinière, son beau front et ses yeux rayonnants de gaieté naïve qui percent un moment ce voile naturel. Elle semble jouir de notre admiration ; je lui jette une poignée de ghazis, petites pièces d’or dont les Syriennes se font des colliers et des bracelets en les enfilant avec un brin de soie. Elle joint ses mains et les porte sur sa tête pour me remercier, et rentre dans la chambre basse pour les montrer à sa mère et à sa sœur.




12 septembre 1832.


Habib-Barbara, Grec-Syrien, établi à Bayruth, et dont la maison est voisine de la nôtre, nous sert de drogman, c’est-à-dire d’interprète. Attaché pendant vingt ans en cette qualité aux différents consulats de France, il parle français et italien ; c’est un des hommes les plus obligeants et les plus intelligents que j’aie rencontrés dans mes voyages : sans son assistance et celle de M. Jorelle, nous aurions eu des peines infinies à compléter notre établissement en Syrie. Il nous procure plusieurs domestiques, les uns grecs, les autres