Voici des vers que j’ai écrits ce matin en me promenant sur la mer, entre les îles de Pomègue et la côte de Provence ; c’est un adieu à Marseille, que je quitte avec des sentiments de fils. Il y a aussi quelques strophes qui portent plus avant et plus loin dans mon cœur.
Si j’abandonne aux plis de la voile rapide
Ce que m’a fait le ciel de paix et de bonheur ;
Si je confie aux flots de l’élément perfide
Une femme, un enfant, ces deux parts de mon cœur ;
Si je jette à la mer, aux sables, aux nuages,
Tant de doux avenirs, tant de cœurs palpitants,
D’un retour incertain sans avoir d’autres gages
Qu’un mât plié par les autans ;
Ce n’est pas que de l’or l’ardente soif s’allume
Dans un cœur qui s’est fait un plus noble trésor ;
Ni que de son flambeau la gloire me consume
De la soif d’un vain nom plus fugitif encor ;
Ce n’est pas qu’en nos jours la fortune du Dante
Me fasse de l’exil amer manger le sel,
Ni que des factions la colère inconstante
Me brise le seuil paternel :