Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
SOUVENIRS, IMPRESSIONS


PENSÉES ET PAYSAGES




Marseille, 20 mai 1832.


Ma mère avait reçu de sa mère au lit de mort une belle Bible de Royaumont dans laquelle elle m’apprenait à lire, quand j’étais petit enfant. Cette Bible avait des gravures de sujets sacrés à toutes les pages. C’était Sara, c’était Tobie et son ange, c’était Joseph ou Samuel, c’était surtout ces belles scènes patriarcales où la nature solennelle et primitive de l’Orient était mêlée à tous les actes de cette vie simple et merveilleuse des premiers hommes. Quand j’avais bien récité ma leçon et lu à peu près sans faute la demi-page de l’histoire sainte, ma mère découvrait la gravure, et, tenant le livre ouvert sur ses genoux, me la faisait con-