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Mais où est Argos ? Une vaste plaine stérile et nue, entrecoupée de marais, s’étend et s’arrondit au fond du golfe ; elle est bornée de toutes parts par des chaînes de montagnes grises. Au bout de cette plaine, à environ deux lieues dans les terres, on aperçoit un mamelon qui porte quelques murs fortifiés sur sa cime, et qui protége de son ombre une bourgade en ruine : c’est là Argos. Tout près de là est le tombeau d’Agamemnon. Mais que m’importe Agamemnon et son empire ? Ces vieilleries historiques et politiques ont perdu l’intérêt de la jeunesse et de la vérité. Je voudrais voir seulement une vallée d’Arcadie ; j’aime mieux un arbre, une source sous le rocher, un laurier-rose au bord d’un fleuve, sous l’arche écroulée d’un pont tapissé de lianes, que le monument d’un de ces royaumes classiques qui ne rappellent plus rien à mon esprit que l’ennui qu’ils m’ont donné dans mon enfance.




10 août.


Nous avons passé deux jours à Nauplie ; Julia m’inquiète de nouveau. Je reste quelques jours encore pour attendre qu’elle soit complétement remise. Nous sommes à terre dans la chambre d’une mauvaise auberge, en face d’une caserne de troupes grecques. Les soldats sont tout le jour couchés à l’ombre de pans de murs ruinés, au milieu des rues et des