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CHAPITRE IX.

seulement ! Je croirais la profaner en y pensant ; c’est comme une apparition qui reste, dit-on, dans les yeux, mais que le cœur ne confie jamais aux lèvres !

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CCLVII

— Hyeronimo, lui disais-je, lève-toi ; c’est la pointe du jour qui éclaire déjà les barreaux.

— Non, disait-il ; il nous reste assez de temps pour fuir avec toi. Ne perdons pas une minute de ce ciel ensemble, qui sait si nous le retrouverons jamais.

— Va, fuis ! reprenais-je, ou ton amour va te coûter la vie.

— Non, répétait-il, non, ce n’est pas le jour encore ; c’est le reflet de la lune qui éclaire la première ou la dernière heure de la nuit.

Elle se passa ainsi ; mais enfin nous entendîmes quatre coups du marteau de l’horloge du couvent voisin sonner les matines. Il me laissa toute baignée de larmes sur la paille qui nous servait de couche, il courut à la chapelle avant que je pusse l’embrasser encore, et montant jusqu’à la hauteur du barreau de la lucarne scié par moi :

— Adieu, me dit-il tout bas, j’ai assez vécu, puisque vivant ou mort nous sommes époux.