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FIOR D’ALIZA.

au miroir à la lueur de ma lampe, pour que ce jour-là du moins, je fusse un peu belle pour l’amour de mon mari ; puis je mis ma chemise blanche de femme ornée d’une gorgère de dentelle sous ma veste d’homme dont je laissai passer la broderie entre les boutons de mon gilet, afin que quelque chose au moins rappelât en moi la femme et m’embellît aux yeux de mon fiancé.

Il faut compatir, ma tante, à la vanité des femmes ; même quand elles vont mourir, elles veulent, malgré tout, laisser une image d’elles avenante, dans l’œil de celui qu’elles aiment.

CCLIV

Je descendis et je remontai trois ou quatre fois l’escalier de la tour, croyant que mes mouvements hâteraient le jour, et m’avançant jusqu’à la porte de la rue pour écouter si je n’entendais pas les pas lourds du père Hilario, et les pas légers de l’enfant de chœur faisant tinter sa sonnette dans l’ombre devant lui ; mais rien, toujours rien, et je remontai pour redescendre encore ; la dernière fois, le père Hilario allait sonner, quand je prévins le bruit en ouvrant la porte du guichet devant lui, comme si j’avais été l’ange qu’on voit peint sur la muraille de la cathédrale de Pise et qui ouvre la porte du cachot à Pierre, en tenant un flambeau