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CHAPITRE IX.

venger des sbires qui t’avaient blessée et avaient cassé la patte de ton chien ! Non, il n’y, faut pas penser ; alors comment donc faire, car tu ne peux le faire évader qu’en le trompant lui-même ?

Ici la voix s’interrompit longtemps comme quelqu’un qui cherche ; puis elle reprit :

— Oui, une fois que vous serez mariés, il faut le tromper lui-même et lui faire croire qu’il doit partir le premier, t’attendre ensuite au rendez-vous sous l’arche du pont, au pied de la montagne où tu as rencontré la noce de la fille du bargello, jusqu’à ce que tu viennes le rejoindre par un autre chemin un peu avant la nuit, et que vous partiez ensemble par des chemins détournés au bas de la montagne pour sortir des États de Lucques et pour atteindre avant le jour les frontières des États de Toscane, dans les Maremmes de Pise. Alors on ne vous pourra rien, et vous vous louerez tous les deux aux propriétaires d’un podere pour faire les moissons, lui coupeur, et toi comme lieuse de gerbes ; ou bien lui comme bûcheron, et toi comme ramasseuse de fagots dans les sapinières du bord de la mer ; Pour cela, qu’as-tu à faire ? Dès demain, il faut achever de scier un barreau de la lucarne derrière l’autel des prisonniers, de manière à ce qu’il ne tienne plus en place que par un fil, et laisser la lime à côté, pour qu’un coup ou deux de lime lui permette de le faire tomber en dehors dans le verger de la prison, et qu’à l’aide de l’égout qui ouvre dans ce verger, au pied de la lucarne, et qui traverse les