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FIOR D’ALIZA.

nous jetassions pas follement, en nous revoyant, dans les bras les uns des autres ; mais j’aperçus sa tête si belle et tout éplorée qui s’avançait, malgré elle, pour nous entrevoir de derrière un noir pilier du cloître, où elle se cachait bien loin de nous ! Ah ! que sa vue me fit peine et plaisir à la fois, monsieur ! Je sentis fléchir mes jambes sous moi, et, sans l’épaule de mon frère, à laquelle je me retins, je serais tombée à terre ; le petit chien Zampogna, qui l’avait reconnue avant nous, jappa de joie en voulant s’élancer vers elle, mais je le retins par sa chaîne, et nous fûmes bientôt devant la grille ouverte du cachot d’Hyeronimo.

CCXLIII

Il nous attendait, le pauvre enfant ; il se jeta, quand il nous vit, aux genoux de son oncle et de moi comme pour nous demander pardon de toutes les tribulations involontaires que l’ardeur de défendre sa cousine et nous avait fait fondre sur la maison. Son oncle pressait sa tête contre ses genoux chancelants d’émotion ; moi, je pleurais sans rien lui dire que son nom dans mes sanglots, en tenant sa main toute mouillée dans la mienne.

Le petit chien qui avait reconnu son ami, secouait sa chaîne pour s’élancer sur Hyeronimo, jappait de toute sa joie, et, ne pouvant s’appuyer, pour le lécher, sur ses deux