Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
346
FIOR D’ALIZA.

pour recevoir les derniers adieux du condamné, et pour ramener leur fille et leur nièce, veuve avant d’être épouse, dans leur demeure ; préparez-vous par la pureté de vos pensées, par la vertu de votre pardon à l’union toute sainte que vous désirez comme un gage du ciel, et surtout ne laissez rien soupçonner ni au bargello ni à ceux qui vous visiteront par charité, du mystère qui s’accomplira entre l’évêque, vous, votre cousine, vos parents et moi ; les hommes de Dieu peuvent seuls comprendre ce que les hommes de la loi ne sauraient souscrire ! Vous nous perdriez tous, et vous, hélas ! le premier.

À ces mots, il m’a béni et j’ai baisé ses sandales.

Voilà, mot à mot, les paroles du père Hilario ; mais j’ai bien vu à son accent et à son visage qu’il avait plus de confiance que de doute sur le succès de sa confidence à l’évêque et à ses supérieurs, et que mon désir était déjà ratifié dans sa pensée.

CCXXXVI

Nous passâmes ainsi ensemble ce soir-là et tous les autres, de longs moments qui ne duraient qu’une minute, parlant de ceci, de cela, de ce que faisaient ma tante et mon père sous le châtaignier, de ce que nous y ferions nous-mêmes si jamais nos angoisses venaient à finir, soit par la grâce de monseigneur le duc, soit par la fuite que