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CHAPITRE VIII.

quand, après une longue absence dans les bois après mes chèvres, je revenais le soir plus tard que vous ne m’attendiez sous le châtaignier.

Quand nous nous fûmes bien embrassés et bien arrosés de nos pleurs, sans pouvoir parler pour avoir trop à nous dire, je passai mon bras droit autour de son cou, lui son bras autour du mien, et il commença à me dire :

— Que font-ils là-haut ?

— Je m’en fie au bon Dieu et au père Hilario, leur ami, répondis-je.

— Que je t’ai coûté de tourments et à eux, reprit-il, ma pauvre Fior d’Aliza ! hélas ! et que je vous en coûterai bien d’autres quand se lèvera le matin où nous devrons nous séparer pour jamais !

— Qu’est-ce que tu dis donc, répliquai-je, en cachant mon front dans sa veste où pendait encore un reste de sa chaîne, n’est-ce pas moi qui te coûte la prison et la vie ? N’est-ce pas pour l’amour de moi que tu as saisi le tromblon à la muraille et tiré ce mauvais coup pour venger mon sang sur ces brigands ?

Mais non, non, tu ne mourras pas pour moi, continuai-je, ou bien je mourrai avec toi moi-même !

Mais nous ne mourrons ni toi ni moi, si tu veux écouter mes conseils.