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FIOR D’ALIZA.

moine de ces pauvres gens, nous ne parviendrons pas aussi à découvrir quelque embûche tendue à la vie du criminel, peut-être innocent, qu’on va juger sous de si vilaines apparences !

CCXVIII

Le frère termina son récit en prenant les pièces dans l’armoire.

— Ah ! que nous font les biens, la vigne, le pré, le châtaignier, la maison même, nous écriâmes-nous, ma belle-sœur et moi. Qu’on prenne tout, qu’on nous jette tout nus dans le chemin, mais qu’on nous rende nos deux pauvres innocents !

— Résignez-vous à la volonté de Dieu, quel que soit le sort d’Hyeronimo, nous dit-il en s’en allant ; je monte au monastère pour instruire le prieur de votre angoisse et du motif de mes absences. Je lui demanderai de séjourner à la ville autant que ma présence pourra être utile au prisonnier pour ce monde ou pour l’autre ; je remonterai jusqu’ici dès que j’aurai une bonne ou une mauvaise nouvelle à vous rapporter d’en bas ; ne cessez pas de prier.

— Ah ! répondîmes-nous tout en larmes, si nous cessions de prier nous aurions donc cessé de trembler ou d’espérer pour la vie de nos enfants, nous aurions bien plutôt cessé de vivre !