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FIOR D’ALIZA.

milieu des airs, et que les gonds et les verrous de la porte avaient retenu le bruit de ses hurlements. Le vent aussi y hurlait comme des voix désespérées à travers les mâchicoulis et les meurtrières. Cette tour du bargello avait fait partie autrefois, dit-on, d’un palais d’une maison éteinte des seigneurs de Lucques ; on l’avait convertie ensuite en prison d’État, et, plus tard, encore, en prison pour les meurtriers ordinaires. Elle séparait la maison du bargello de la petite cour profonde et étroite de la prison, sur laquelle les cachots grillés des détenus prenaient leur jour.

CLXI

Je tirai le verrou, je poussai la porte, j’entrai, toute tremblante, dans la petite chambre à voûte basse, éclairée le jour par une large meurtrière, qu’un triple grillage séparait du ciel ; le vent qui sortit de la chambre, quand la porte s’ouvrit, et des chauves-souris, qui battaient leurs ailes aveugles contre les murs, faillirent éteindre la lampe que je tenais dans ma main gauche pour m’éclairer jusqu’au lit.

C’était bientôt vu, monsieur ; en cinq pas, on faisait le tour de cette chambre haute, il n’y avait qu’une voûte de pierre blanchie et la chaux comme les murailles, un lit bien propre, une cruche de cuivre pleine d’eau claire et une