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CHAPITRE V.

de Lorette : on ne voyait plus mes habits à travers les rubans, les couronnes et les bouquets.

CLVI

On me fit entrer avec toutes sortes de bienséances, comme si j’avais été de la famille et de la noce. La femme du bargello, son mari, la fiancée et le sposo me dirent poliment de rester, de boire et de manger à leur table, à côté du petit bouvier leur frère, et de jouer, après le dîner de noces, tous les airs de danse qui me reviendraient en mémoire, pour faire passer gaiement la nuit aux convives, monsieur. Ce n’était pas facile, car, pendant que ma zampogne jouait la fête, mon cœur battait la mort et l’enterrement. Hélas ! n’est-ce pas le métier des artistes ? Leur art chante et leur cœur saigne. Voyez-moi, monsieur ; n’en étais-je pas un exemple ?

CLVII

Une partie de la nuit se passa pourtant ainsi, moitié à table, moitié en danse ; les mariés semblaient s’impatienter cependant de la table et de la musique pour regagner le