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FIOR D’ALIZA.

de mes doigts, quand on me prierait de jouer, des airs qu’ils aimeraient le mieux a entendre.

CLIII

On ne tarda pas de m’en prier, monsieur ; nous touchions enfin aux portes de la ville. C’est l’habitude du pays de Lucques, quand la noce des paysans est riche et la famille respectée, qu’un musicien, soit fifre, soit violon, soit hautbois, soit musette, soit même tambour de basque, se tienne debout sur le devant du char à bœufs et qu’il joue des aubades, ou des marches, ou des tarentelles joyeuses en l’honneur des mariés et des assistants.

— Notre bon ange nous a bien servis ce matin, dit la bonne femme du bargello, de nous avoir fait rencontrer par hasard sur le pont un joli petit musicien des Abruzzes, tel que nous n’aurions pas pu, pour cinquante carlins, en trouver un aussi habile et aussi complaisant dans toute la grande ville de Lucques, excepté dans la musique de monseigneur le duc.

— Allons, enfant, dit tout le monde en approuvant la bonne mère d’un signe de tête, fais honneur à la mariée et a sa famille ; enfle la zampogne, et qu’on se souvienne à Lucques de l’entrée de noce de la fille du bargello et de Placidio !