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FIOR D’ALIZA.

que les yeux lui tournassent dans la tête et la langue dans la bouche, comme pour le faire babiller à plaisir sur Fior d’Aliza, sa cousine ; sur Léna, sa tante ; sur l’aveugle et sur sa famille.

Le capitaine des sbires lui-même, un peu aviné, ne tarissait pas, nous dit-il, sur la beauté de Fior d’Aliza sortant tout échevelée de la grotte aux chèvres, s’essuyant les pieds a l’herbe, et les bras à la laine des petits agneaux qu’elle venait de laver. « Encore un ou deux printemps, » disait-il tout bas.

LXXX

Un vieux petit pèlerin tout mince et tout vêtu de noir, d’un habit râpé avec un rabat mal blanchi autour du cou et une plume a écrire derrière son oreille, l’écoutait en l’approuvant finement du sourire.

— Signor Bartholomeo del Calamayo, lui disait à l’oreille le capitaine à moitié gris, vous êtes mon ami ou vous ne l’êtes pas.

— Votre ami à tout faire, lui répondit le scribe. Commandez-moi, il n’y a rien à quoi je ne puisse réussir avec ma plume, comme vous avec votre espingole.

— Ceci ne sera pas œuvre d’espingole, mais de plumitif, reprenait le sbire, en lui passant le bras autour du cou et le pressant sur sa poitrine. Jurez que vous me servirez