Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 41.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
CHAPITRE III.

menton plus carré et plus garni de duvet ; son cou, ses épaules, sa taille plus formés.

— As-tu vu saint Sébastien tout nu, attaché à son tronc d’arbre, percé de flèches, avec des filets de sang qui coulent sur sa peau lisse et brune ?

— Oui.

— Eh bien ! on dirait mon fils quand sa chemise ouverte laisse voir ses côtes et qu’il s’appuie au châtaignier, en s’essuyant le front, au retour de l’ouvrage..]’ai bien vu des hommes, à la foire de Lucques et sur le quai de Livourne, déchargeant des felouques, mais je n’en ai point vu d’aussi beau, d’aussi fort, quoique aussi délicat ; c’est tout mon pauvre mari quand il partit, si peu de jours après m’avoir courtisée, pour ces fatales moissons des Maremmes ! Et voila comme nous abrégions les dimanches a nous réjouir dans nos deux enfants, et tous les pèlerins qui passaient en montant aux Camaldules s’arrêtaient pour respirer sous le châtaignier de la montagne et disaient : « Le ciel vous a bien bénis ! il n’y a rien de si beau qu’eux a la ville. »

LXX

Mais nous eûmes bien du malheur une fois, pour la trop grande beauté de Fior d’Aliza. Il arriva une bande de jeunes messieurs de Lucques qui allaient par curiosité, car