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CHAPITRE III.

sortant de la coque, avant que le soleil l’ait brunie sur le toit ?

— Oui, lui disais-je, avec le bout des mèches luisant comme l’or du cadre des Madones, sur l’autel des Camaldules, quand les cierges allumés les font reluire de feu.

— A-t-elle des yeux longs et fendus, qui s’ouvrent tout humides comme une large goutte de pluie d’été sur une fleur bleue dans l’ombre ?

— Justement, répondais-je, avec de longs cils qui tremblent dessus comme l’ombre des feuilles du coudrier sur l’eau courante.

— Et ses joues ?

— Comme du velours de soie rose sur les devantures de boutiques d’étoffes à la foire de Lucques.

— Et sa bouche ?

— Comme ces coquilles que tu rapportais autrefois des maremmes de Serra Vezsa, qui s’entrouvrent pour laisser voir du rose et du blanc, dentelées sur leurs lèvres, demi fermées, demi-ouvertes, pour boire la mer.

— Et son cou ?

— Mince, lisse, blanc et rond comme les petites colonnes de marbre couronnées par des têtes d’ange, en chapiteau, sur la porte de la cathédrale de Pise.

— Et sa taille ?

— Grande, élancée, souple et arquée, avec deux légers renflements sur la poitrine, sous son corset encore vide.