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avec le lecteur.

contre les mouches : « Vous n’avez pas le droit de rien mépriser et de dire : Ce n’est rien, puisque Dieu l’a fait, » qu’il disait.

» — Précisément, ma pauvre Geneviève, repris-je en retrouvant dans ces paroles toute l’âme de Jocelyn, tout est intéressant, tout est important, tout est respectable dans les destinées du plus obscur et du plus insignifiant de tous les êtres. Les orgueilleux sont des sots, le dédain n’est qu’une ignorance. Voilà pourquoi je serais reconnaissant si vous vouliez bien me raconter ce que je ne sais pas de votre pauvre vie ; où vous êtes née, ce que vous avez fait, comment vous êtes venue ici, et où vous comptez aller après.

» — Je vous obéirai, monsieur, dit-elle en rougissant, si cela vous amuse. Vous vous moquerez peut-être de moi ?

» — Ah ! Geneviève, répondis-je d’un accent fâché, est-ce que Jocelyn se moquait jamais de la plus naïve confidence d’une vieille femme ou d’un enfant ? est-ce que je ne suis pas son ami ?

» — Oui, oui, c’est vrai, dit-elle en se repentant ; j’ai tort. Je vais tout vous dire. »

Je me rapprochai du feu ; elle ne releva pas ses yeux de ses aiguilles, elle ne perdit pas une maille, et elle me dit, en continuant de travailler :