Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 4.djvu/517

Cette page a été validée par deux contributeurs.
516
notes.

pliquée à la détermination du mouvement des corps célestes jusqu’aux limites que l’observation peut atteindre. Chaque découverte nouvelle est venue confirmer cette loi dans toute l’étendue de notre système solaire, et montrer, en outre, qu’elle est également applicable, même dans les régions les plus reculées des cieux. Depuis que la planète Neptune a été trouvée presque à la place assignée par la théorie, la gravitation a pris un nouveau caractère : elle est devenue un moyen de découverte. De là un accroissement d’éclat pour le génie de Newton, déjà, depuis plus de deux siècles, l’objet de l’admiration générale ; de là aussi, un très-grand honneur pour les deux mathématiciens astronomes qui, indépendamment et à l’insu l’un de l’autre, ont appliqué la loi de Newton avec une habileté si originale. La découverte d’un corps inaperçu, qui porte à une distance double les limites extrêmes de notre système planétaire, et qui ne repose sur aucun autre secours que l’emploi du raisonnement, une telle découverte met dans le jour le plus brillant le génie des temps modernes, en même temps qu’elle fait hautement ressortir la certitude infaillible de la science mathématique et de la grande loi qui régit l’univers.

» L’antiquité connut de bonne heure les cinq planètes principales ; elles lui furent décelées par les mouvements qui les distinguent des étoiles fixes, et qui leur valurent leur nom d’astres errants[1]. Mais, pour passer de ces premières notions à la connaissance de la véritable constitution du système du monde, il a fallu des siècles. En construisant sa lunette, Galilée ouvrit une ère nouvelle à l’astronomie. Alors commença cette série de découvertes qui, développées pendant près de trois siècles, ont montré vingt-huit mondes nouveaux dans notre système, et révélé, bien au delà de ses bornes, des soleils sans nombre accomplissant leurs révolutions dans les profondeurs du firmament. Ces profondeurs sont telles, que le spectateur qui y serait placé n’apercevrait notre soleil et tous ses brillants acolytes de la voie lactée, que comme un nuage indécis. Merveilleux résultats de la combinaison fortuite de deux lentilles de verre ! Mais il fallait le génie d’un homme tel que Galilée pour comprendre toute l’importance de ce fait, que mille autres n’auraient pas jugé digne de leur attention.

» En tournant sa lunette vers le ciel, le premier objet qu’y remarqua Galilée, ce fut les quatre satellites de Jupiter. Les phases de Vénus lui fournirent une confirmation de son système du

  1. De πλανής, errant, vagabond.