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Et entendit l’arrêt de la grande Babylone prononcé par l’ordre
        du ciel.


Puis, s’agenouillant devant l’éternel Roi du ciel,
    Le saint, le père et le mari prie :
L’espoir s’élance, ravi, sur une aile triomphante,
    À l’idée de se retrouver tous ainsi aux jours à venir ;
De se baigner à jamais dans des rayons incréés ;
    De ne plus soupirer ni verser de larmes amères,
Chantant ensemble des hymnes à la louange de leur Créateur,
    En pareille société, mais encore plus chère,
Tandis que le temps décrira un cercle dans une sphère éter-
        nelle.


Comparé à ceci, combien pauvre est l’orgueil de la religion
    Dans toute la pompe de la méthode et de l’art,
Quand des hommes déploient, dans de vastes assemblées,
    Toutes les grâces de la dévotion, excepté le cœur !
La puissance suprême, irritée, désertera le spectacle,
    Le chant pompeux, l’étole sacerdotale ;
Mais peut-être bien loin, dans quelque chaumière à part,
    Elle pourra entendre avec plaisir le langage de l’âme,
Et en inscrire les pauvres habitants dans son livre de vie.


Alors chacun s’en retourne chez soi ;
    Les petits paysans vont se reposer ;
Les deux époux rendent leur saint hommage,
    Et adressent au ciel la fervente prière
Que Celui qui apaise le nid bruyant du corbeau,
    Et pare le beau lis d’un éclat fastueux,
Veuille, de la manière que sa sagesse juge la meilleure,
    Pourvoir à leur existence et à celle de leurs petits enfants ;
Mais surtout régner sur leur cœur par la grâce divine.


La grandeur de la vieille Écosse prend sa source dans des scènes
        comme celles-ci,
    Qui la font aimer au dedans et respecter au dehors.
Les princes et les lords ne sont que l’émanation des rois,
    Un honnête homme est l’œuvre la plus noble de Dieu ;
Et certes, sur la route céleste de la belle vertu,
    La chaumière laisse le palais bien loin derrière.