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destin précipite la fin des êtres ! Je crois voir le nautonier lutter, la rame à la main, contre le courant qu’il remonte : suspend-il un moment ses efforts, l’onde roule, et l’entraîne à la dérive.

» Le laboureur doit être aussi attentif au lever des constellations de l’Ourse, des Chevreaux et du Dragon, que les matelots lorsque, regagnant leur patrie à travers des mers orageuses, ils franchissent l’Hellespont et le détroit d’Abydos, fécond en coquillages. Ainsi, dès que le signe de la Balance aura égalé les heures de la nuit à celles du jour, et fait aux mortels deux parts semblables de l’ombre et de la lumière, exercez vos taureaux dans les champs, ô laboureurs, et semez l’orge, jusqu’aux premières pluies qu’amène avec lui l’intraitable hiver. C’est aussi le moment de semer le lin et le pavot ; vite donc, et poussez au labour tandis que la terre encore sèche le permet, tandis que les nuées sont suspendues sur vos têtes.

» Au printemps se sème la fève, au printemps les sillons reçoivent dans leur sein le trèfle de la Médie, et le millet, qui tous les ans redemande nos soins ; c’est lorsque le brillant Taureau aux cornes d’or a ouvert l’année, et que Sirius, en se retirant devant le soleil, s’est perdu dans sa lumière. Mais si tu remues la terre pour y enfouir le pur froment ou des blés de même force, si tu n’en veux qu’aux seuls grains à épis, attends que les filles d’Atlas, les Pléiades, rentrent dans l’ombre, et que l’ardente couronne d’Ariane se dégage des feux du soleil : ne va pas mal à propos confier aux sillons les semences convenables ; ne force pas la terre à garder de trop bonne heure les frêles espérances de ton année. Plusieurs ont commencé de semer avant le coucher de Maïa ; mais, la moisson venue, de maigres épis ont trompé leur attente. Veux-tu semer de la vesce, de viles faséoles, et abaisser tes soins jusqu’à l’humble lentille de Péluse, attends, pour commencer, que le Bouvier, descendant sous l’horizon, t’en donne le signal ; et, alors, mène tes semailles jusqu’à la saison des frimas.

» C’est pour régler nos travaux que le ciel a été partagé en régions diverses, et que douze astres marquent à travers le monde le cours brillant du soleil. Cinq zones embrassent tout l’espace du ciel. L’une est toujours resplendissante de lumière, toujours brûlée des feux du jour ; autour d’elle, à droite et à gauche, il en est deux autres qui s’étendent jusqu’aux pôles du monde, et sous lesquelles s’amassent des glaces éternelles et de noirs frimas. Entre elles et ce milieu brûlant des cieux, il y a deux zones tempérées que la bonté des dieux a accordées aux pauvres mortels : une route les