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introduction.

qu’il est utile sur cette terre, Jocelyn est sauvé ; maintenant il puise son courage là-haut, il est invincible.

Dans cette vie si remplie de dévouements de tout genre, il y a tel chapitre qui vous arrache des larmes pleines de douleur à la fois et d’amertume. Par exemple, la visite de la mère et de ses deux enfants à la maison paternelle que la révolution a vendue. La mère expire, c’est son fils qui l’enterre. Allons toujours, allons toujours. Une douleur amène une autre douleur, mais aussi le courage amène un autre courage. Cet homme, ce héros, ce prêtre est seul dans les frimas, dans les neiges ; il n’a pour l’aimer qu’une vieille femme et un chien ; mais, perdu dans ce désert de glace, il devient le laboureur, le législateur, le médecin, le roi et le pontife de ce misérable univers. Il soutient, il console, il protége, il bénit ; il enseigne l’Évangile aux petits enfants. Un jour Dieu lui ramène Laurence ; et lui, il la réconcilie avec son Dieu, il pleure avec elle sur ses péchés. À la fin son heure arrive aussi ; et une fois que l’expiation est complète, l’ange retourne au ciel. Consolez-vous cependant ! rien ne meurt de ce qui est simple et grand. Jocelyn se montrera de nouveau dans un autre poëme ; M. de Lamartine vous l’a promis, ce n’est pas la dernière fois que vous le verrez.

Ce poëme de Jocelyn n’a point d’égal dans notre langue ; nous n’avons rien à lui comparer dans l’antiquité classique. L’Angleterre possède seule un livre qui, sous bien des rapports, pourrait soutenir la comparaison avec le Jocelyn, et encore ce livre est en prose ; mais d’une prose si belle et si vraie ! Nous voulons parler du Vicaire de Wakefield, ce chef-d’œuvre où la résignation chrétienne se montre à un si haut degré. Mais cependant, entre le livre de Goldsmith et celui de M. de Lamartine, quelle immense différence ! Le