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neuvième époque.

Puis je pense tout haut pour eux ; le cercle écoute,
Et mon cœur dans leurs cœurs se verse goutte à goutte.


Je ne surcharge pas leurs sens et leur esprit
Du stérile savoir dont l’orgueil se nourrit ;
Bien plus que leur raison j’instruis leur conscience :
La nature et leurs yeux, c’est toute ma science !
Je leur ouvre ce livre, et leur montre en tout lieu
L’espérance de l’homme et la bonté de Dieu.
Pour leur enseigner Dieu, son culte et ses prodiges,
Je ne leur conte pas ces vulgaires prestiges
Qui, confondant l’erreur avec la vérité,
Font d’une foi céleste une crédulité,
Honte au Dieu trois fois saint prouvé par l’imposture !
Son témoin éternel à nous, c’est sa nature !
Son prophète éternel à nous, c’est sa raison !
Ses cieux sont assez clairs pour y lire son nom.


Avec eux chaque jour je déchiffre et j’épelle
De ce nom infini quelque lettre nouvelle ;
Je leur montre ce Dieu, tantôt, dans sa bonté
Mûrissant pour l’oiseau le grain qu’il a compté ;
Tantôt, dans sa sagesse et dans sa providence,
Gouvernant sa nature avec tant d’évidence ;
Tantôt… Mais aujourd’hui c’était dans sa grandeur.
La nuit tombait ; des cieux la sombre profondeur
Laissait plonger les yeux dans l’espace sans voiles,
Et dans l’air constellé compter les lits d’étoiles
Comme à l’ombre du bord on voit sous des flots clairs
La perle et le corail briller au fond des mers.
« Celles-ci, leur disais-je, avec le ciel sont nées :
Leur rayon vient à nous sur des millions d’années.